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Tenue de classe

samedi 19 mars 2022, par phil

S’il n’y a pas de recettes miracles de gestion de classe et d’autorité, la connaissance de pratiques avérées, et des erreurs à éviter, permet cependant d’entrer dans le métier dans des conditions favorables. A partir de ces approches pragmatiques, la personnalité professionnelle se construit ensuite progressivement, au gré des expériences et des formations. Pendant les premières semaines, la préparation rigoureuse des séances doit aussi concerner les aspects liés à la gestion de classe. Elle pourra ensuite s’assouplir, l’installation de routines permettant de se libérer d’une partie des contraintes d’encadrement des élèves. Une attention particulière sera, bien sûr, attachée à la préparation et la mise en œuvre des séances faisant l’objet d’une visite conseil ou d’une inspection.

BON PROFESSEUR.... BON ELEVE.... BONNE SEANCE !!!

Vos élèves vous apprécieront :
• 1. Si vous êtes un bon professionnel
• 2. Si vous êtes passionné(e) par votre discipline, par votre métier
• 3. Si vous êtes soucieux et satisfait de leurs progrès
• 4. Si vous les respectez et êtes capable de relations humaines


Conditions et contexte pour un bon fonctionnement de classe
Pour que le travail puisse être accompli dans les meilleures conditions, l’enseignant doit pouvoir faire naître une sensation de confort, de confiance et de respect mutuel au sein de la classe. Les premières heures passées devant la classe revêtent en ce domaine une grande importance : dès cette prise de contact, les élèves vont positionner leur comportement par rapport à votre attitude et vos exigences (l’observation montre d’ailleurs que, d’une heure à la suivante, une même classe fonctionne de manière très différente avec ses professeurs successifs). Par ailleurs, les élèves vous feront rapidement connaître à leurs camarades des autres classes, avec vos qualités et vos défauts...

L’attitude, l’état et l’image du professeur conditionnent l’attitude des élèves et l’ambiance de classe. La prise en charge d’élèves dans des conditions de sérénité favorables aux apprentissages exige donc que l’enseignant soit au clair sur :
- les besoins des élèves, aussi bien en terme de formation que d’encadrement ;
- sa propre posture, ses motivations, ses valeurs et son plaisir d’enseigner ;
- ses missions en classe, dans l’établissement et sur le territoire, son positionnement institutionnel ;
- l’investissement et la quantité de travail à fournir...


LE PROFESSEUR : AISANCE / PRESENCE EN CLASSE

Un calme et une aisance apparents conditionnent bien souvent la qualité des communications et votre maîtrise du groupe.
Pour tout ce qui concerne la présence en classe, conduisez un travail spécifique avec l’aide de votre tuteur et n’hésitez pas à utiliser la vidéo pour faciliter votre prise de recul.

Corps et voix :
La présence physique est conditionnée par la respiration (avec deux dimensions, l’une liée à la quantité d’aire disponible pour la phonation, l’autre à l’oxygénation du sang, donc du cerveau et des muscles du corps), par la posture (placement du corps, déplacements) et par la perception des élèves et de l’environnement (vision, audition).
Conduisez un travail spécifique sur les points ci-après. Si vous sentez que vous avez besoin d’un accompagnement, la mission de coordination pédagogique vous proposera un module spécifique de formation (vous pouvez aussi vous inscrire à un atelier théâtre, chant) :

• Respiration :
Au cours du chant ou de la phonation la cage thoracique produit un souffle d’air qui traverse les cordes vocales en les faisant vibrer puis rentre dans un ensemble de cavités pour produire les sons. Il existe essentiellement deux types de respirations :
1) la respiration thoracique où inspiration et expiration se font par élargissement et rétrécissement de la cage thoracique sans que le ventre ne bouge significativement. La plupart des adultes respirent instinctivement de cette façon. Cette respiration ne doit pas être utilisée dans le chant car elle ne remplit les poumons qu’à moitié et ne permet pas un bon contrôle du débit d’air durant l’expiration.
2) La respiration abdominale où inspiration et expiration se font par gonflement et dégonflement du ventre à la manière d’un ballon sans que les côtes ne bougent significativement. C’est la respiration instinctive des nouveau-nés ou la respiration volontaire des chanteurs professionnels. Elle remplit totalement les poumons ce qui confère une capacité respiratoire maximale et, d’autre part, elle permet un réglage fin de débit respiratoire ce qui assure un bon contrôle de la voix.
La respiration abdominale met en jeu de façon quasi exclusive le diaphragme, le muscle respiratoire principal. Celui-ci est bombé vers le haut au cours de l’expiration alors qu’il est abaissé au cours de l’inspiration. Le diaphragme est un muscle lisse dont la contraction ne dépend normalement pas de notre volonté. On peut cependant, à l’aide des exercices qui suivent, rendre ses mouvements partiellement volontaires.
• Stress et hyperventilation :
Les émotions modifient notre respiration. L’anxiété par exemple donne une sensation d’étouffement - gêne et difficulté à respirer, impression de manquer d’air – que nous allons essayer de soulager en respirant plus rapidement et plus profondément. Cette respiration trop rapide et trop profonde, disproportionnée par rapport aux besoins réels du corps à un moment donné, est l’hyperventilation. Elle, survient lors d’une émotion, d’une crise aiguë, d’une douleur. L’hyperventilation diminue le taux de CO2 sanguin, ce qui entraîne une baisse de son acidité. Cette "alcalose respiratoire" provoque :
- une vasoconstriction : les petits vaisseaux sanguins rétrécissent, en particulier ceux qui conduisent le sang au cerveau ;
- une augmentation de l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène, qui sera plus difficilement libéré au niveau des tissus.
On comprend le paradoxe : alors que l’hyperventilation signifie que nous prenons plus d’oxygène, nous en avons moins dans certaines parties de notre corps et nous avons l’impression de manquer d’air, de mal respirer, voire d’étouffer. Plusieurs signes sont associés à l’hyperventilation lors d’une émotion forte :
- les symptômes centraux, qui traduisent une diminution de l’approvisionnement en oxygène de certaines régions du
cerveau : vertiges, étourdissements, sensation de tête vide, sensation d’étrangeté, vision brouillée, impression d’avoir
le souffle coupé, confusion... ;
- les symptômes périphériques, qui traduisent une légère réduction de l’oxygène au niveau de certaines parties du
corps : palpitations, cœur qui s’accélère (tachycardie), sensations d’engourdissement et de picotement dans les
extrémités, mains moites, raideurs musculaires...
L’hyperventilation favorise les tension et contractures musculaires. En effet les personnes qui hyperventilent ont une respiration thoracique plutôt qu’abdominale. Les muscles thoraciques travaillent alors beaucoup, ce qui entraîne une tension musculaire au niveau du thorax augmentant la sensation de mal respirer ou d’étouffer. Les contractures s’étendent au cou, à la nuque, aux épaules et au dos. L’hyperventilation, si elle joue un rôle d’alarme au stress, contribue aussi à la sensation de tension et de mal-être. Il est donc important de la combattre notamment par l’apprentissage des techniques de contrôle respiratoire qui vont être rapidement très bénéfiques.

Les objectifs principaux du contrôle respiratoire sont de :
- éliminer rapidement les petits signes qui peuvent déclencher une forte émotion et auxquels vous êtes très sensible
comme l’accélération des battements du cœur ;
- diminuer les signes physiques associés aux paniques et à l’anxiété (vertiges, sueur...) ;
- induire, faciliter, renforcer un état de relaxation générale qui permettra un relâchement musculaire et ensuite une
détente mentale.

Dans tous les exercices de base de contrôle respiratoire, il est nécessaire de prendre conscience de sa respiration et d’obtenir une respiration :
- régulière, en évitant les accélérations entre les cycles et en maintenant des temps inspiratoires et expiratoires
semblables à chaque cycle ;
- abdominale, c’est ce que l’on appelle respirer par le ventre : on fait participer la partie abdominale au mouvement
respiratoire et pas seulement la partie thoracique ;
- superficielle, on évite de respirer trop profondément en vidant littéralement ses poumons, on privilégie la lenteur. Les exercices de relaxation par la respiration :
- travailler sa respiration abdominale ;
- ralentir sa respiration : se fixer sur la fréquence respiratoire (aux alentours de 12 cycles par minute en temps normal
au repos) et essayer de la ralentir ; s’habituer à maîtriser sa respiration ;
- diminuer la fréquence respiratoire pour ralentir le cœur (par action sur le système parasympathique). D’après http://www.symbiofi.com/fr/respiration, croisé avec des données scientifiques

• Placement de la voix, variation de force et d’intonation :
Votre voix doit être audible pour tous : il vous faut parler assez fort et distinctement, adapter votre élocution et votre débit pour maintenir l’attention et être compris(e) de tous (ne craignez pas de marquer des pauses si le besoin s’en fait sentir dans la classe).
Une voix grave porte mieux. Une voix aigüe peut, à la longue, fatiguer l’auditoire. D’une manière générale, pensez à varier les intonations. Lorsque la classe devient agitée, baisser la voix, en force et en intonation (descendre dans les graves).
Il est difficile de réaliser des exercices de phonation si on n’est pas accompagné par un spécialiste. Dans l’établissement, des conseils peuvent éventuellement être pris auprès des collègues professeurs d’éducation musicale.

http://www.ac-rennes.fr/pedagogie/musique/didactic/misevoix/misevoix.htm http://bellamusica.pagesperso-orange.fr/chorales/exercicex%20voix.htm

• Positionnement du corps, gestuelle, déplacements dans la salle et auprès des élèves :
La présence en classe dépend fortement de la posture, des mouvements du corps et de l’occupation de l’espace.
Ne restez pas assis(e) à votre bureau ; déplacez-vous dans la classe. Cela vous aidera à mieux voir ce qu’il s’y passe et à maintenir l’attention des élèves.
Pensez à vous tourner vers toute la classe, quel que soit le moment et ce que vous faites. Utilisez vos bras pour montrer que vous dirigez l’ensemble des élèves et pour marquer les grandes phases d’activités (attitudes de chef d’orchestre).
Pour mobiliser l’attention d’un élève ou d’un groupe, approchez vous, entrez sans brusquerie dans la sphère personnelle des élèves. Attention cependant à ne pas s’engager dans des dialogues/apartés qui exclueraient le reste de la classe et incitent l’élève à trop baisser la voix.

• Vision de tous les élèves d’une classe :
Il est très important de savoir regarder la classe, d’en observer et d’en interpréter les divers mouvements (regards, velléités de paroles, apartés, etc) pour pouvoir associer les élèves aux activités proposées et adapter sa préparation. Vous devez voir en permanence l’ensemble des élèves quelle que soit la disposition des tables, sans perdre de vue chaque individu du groupe, et savoir réagir à leurs attitudes.
Il est fréquent qu’un orateur ait tendance à se tourner d’un seul côté de la salle (vers les fenêtres ou vers le mur). Cela conduit souvent à démobiliser ceux qui ne sont pas dans l’axe son regard. Pensez régulièrement à balayer tout l’espace qui est devant vous, et attardez vous sur vos "zones d’ombre".
C’est également l’occasion d’observer le « non verbal » et toute la mimogestualité qui en disent parfois plus que le discours, notamment dans l’expression du malaise.

Locaux :
Prenez possession des lieux en vous y déplaçant régulièrement, voire en les aménageant à votre convenance si vous utilisez régulièrement la même salle (illustrations, place des appareils....), afin d’accueillir les élèves sur "votre territoire".
Prenez le temps de vous familiariser avec les salles d’enseignement pendant les premiers jours de la rentrée. Si vous enseignez dans des salles spécialisées (laboratoires de sciences, de langues, ateliers...), faîtes l’effort d’en connaître les moindres recoins.

Si vous encadrez des travaux pratiques ou si vous avez à utiliser des matériels audio-visuels ou informatiques, réalisez à l’avance les manipulations de votre séance pour régler les problèmes techniques éventuels.
Arrivez à vos cours très en avance pour vérifier que tout le matériel nécessaire est disponible et fonctionnel (y compris éponge et craie) ; ne faites pas vos photocopies au dernier moment.


LE PROFESSEUR EST UN PROFESSIONNEL

Eléments de déontologie :
La déontologie est l’ensemble des règles et devoirs qui régissent l’exercice d’une profession.

• Respect des horaires – ponctualité :
La ponctualité, l’assiduité et le respect des horaires sont un élément clé, et prioritaire, du respect dû aux élèves et à l’ensemble des acteurs et partenaires de l’école. Faites tous les efforts nécessaires pour être à l’heure, pour commencer et terminer vos séances selon les horaires de l’établissement.
Les élèves seront très sensibles aux délais que respecterez pour leur rendre leurs copies corrigées.

• Distanciation professeur / élève :
Il n’y a pas de gestion de classe efficace et durable si les élèves et le professeur n’ont pas la pleine conscience d’occuper des places différentes dans l’institution scolaire. Les ambiguïtés naissent le plus souvent d’erreurs de positionnement du professeur qui, par souci d’être apprécié de ses élèves, veut être très (trop) proche d’eux.
Surtout en début de carrière, et quand on est jeune, il est primordial de maintenir une distance explicite avec ses élèves. Elle passe par le langage, la tenue vestimentaire, le comportement général. Choisissez une tenue vestimentaire soignée et décente, qui vous positionne clairement comme adulte et fonctionnaire responsable. Evitez tricots, tee-shirts, shorts ou bermudas, savates, vêtements dénudés...
Exprimez-vous dans un français correct et compréhensible pour les élèves. Veillez au vocabulaire (abstrait, technique ...) que vous employez : pensez si besoin est à définir certains mots et à les faire réemployer ; assurez- vous que votre message est clair pour la classe (vous saurez si vous êtes compris en demandant aux élèves de reformuler ce que vous avez dit).
Écrivez lisiblement au tableau et présentez de façon ordonnée ce que vous y portez, distribuez aux élèves des documents toujours lisibles et clairs. Rangez correctement votre cartable et votre bureau.
Maintenez une limite précise entre sphère professionnelle et sphère personnelle. Ne racontez pas votre vie aux élèves, et ne les laissez pas vous interroger sur votre famille ou vos loisirs. Si vous devez les connaître personnellement pour mieux les comprendre, il est risqué de les laisser entrer dans votre intimité.

• Pratique professionnelle :
Le premier élément de déontologie consiste à respect les lois, notamment le règlement intérieur de l’établissement, pour les parties qui ne sont pas spécifiques des élèves. Par exemple, interdisez-vous le port de la casquette, l’écoute de baladeurs ou l’utilisation du smartphone, dans la cour ou dans les classes. Bien sûr, ne fumez pas dans l’établissement.
Affichez clairement votre savoir faire professionnel aux élèves et aux parents :
- explicitation des objectifs d’enseignement : ;
- exigences relatives aux outils et aux productions écrites des élèves ;
- explicitation des critères d’évaluation et des barèmes de notation ;
- respect des délais imposés ;
- richesse et qualité des annotations et appréciations écrites sur les copies ; -...
En même temps que vous affichez vos exigences, montrez aussi aux élèves que, si vous exigez de réels efforts de leur part, vous prenez, de votre côté, des engagements pour les faire progresser et réussir. Bien sûr, tenez vos engagements !
Remplissez le cahier de textes de la classe après chaque cours : ne vous contentez pas d’indications vagues (ex : un titre et des n° d’exercices). Voir à ce sujet le document "concevoir son enseignement".
Relevez précisément les absences selon les modalités prévues dans l’établissement.

• Changement de peau !
Pour un bon nombre de professeurs stagiaires, la réussite au concours marque un changement de statut important, passant de celui d’étudiant à celui de fonctionnaire responsable d’élèves.
Vous n’êtes plus un étudiant, encore moins un élève !
Vous ne pouvez pas pardonner aux élèves vos propres défauts d’étudiant (si vous en aviez...?) (ponctualité, soin, orthographe....). En tant que professeur, vous exigez des élèves qu’ils progressent, donc vous devez leur montrer que vous êtes, vous aussi, capable de progresser. C’est particulièrement vrai pour ce qui concerne l’expression française. Si vous avez des problèmes d’orthographes, soyez
Si vous vous sentez proche de vos élèves, gardez-vous bien de le leur montrer. Manifestez la plus grande fermeté pendant les premières semaines de classe ; vous aurez la possibilité, ensuite, d’assouplir les relations. Evitez, dans votre tenue et votre comportement, tous les éléments qui pourraient détourner l’attention de vos élèves.
Ne vous engagez pas dans de longues digressions, notamment personnelles, et ne tombez pas dans le piège des élèves qui voudront vous faire parler pour gagner du temps.

Rituels et repères :
Les élèves adopteront sans aucune difficulté des comportements standardisés, ou rituels, marquant les temps forts de leur participation à la classe ou la vie de l’établissement. Ils peuvent concerner seulement des comportements (respect des règles) ou rejoindre des objectifs pédagogiques (méthodes de travail, procédures de raisonnement). Les rituels permettent de sécuriser les élèves dans un fonctionnement de groupe dirigé par le professeur. Ils sont des routines qui libèrent la pensée des élèves et du professeur pour d’autres tâches plus riches.
Certains rituels pourront utilement être communs à tous les professeurs d’un établissement, voire d’une même classe (mise en rang, entrée en classe), donnant rapidement des résultats efficaces, d’autres pourront concerner une discipline (salutation collective en langues vivantes) ou un professeur, ce qui introduit un peu de variété. Quelques exemples de rituels seront donnés dans les rubriques ci-après.

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REGARD PORTE SUR L’ELEVE

Une grande partie de l’implication et de la motivation des élèves est conditionnée par le sentiment qu’ils ont d’être considérés comme des individus reconnus et respectés. Le professeur doit s’efforcer de manifester a priori une attitude bienveillante avec eux, en montrant notamment qu’il leur fait confiance pour progresser malgré les difficultés.
Il ne s’agit pas d’une abdication des ambitions et des exigences, qui constituent une marque du respect qu’on doit aux élèves, mais d’un point de vue positif sur tous et chacun. De ce point de vue, le sourire que vous affichez, voire le plaisir que vous montrez, lorsque vous retrouvez les élèves seront déterminants.
Dans le même sens, la prise de parole et les échanges doivent être gérés par le professeur de manière à ce que chacun puisse s’exprimer.

Connaissance des élèves :
Il est primordial que vous puissiez très rapidement appeler chaque élève par son nom ou par son prénom :
• demander éventuellement à chacun de placer devant lui une feuille pliée portant son nom inscrit en
grand ;
• établir le premier jour un plan de classe (par exemple pendant que les élèves remplissent leur fiche
individuelle) et veiller à ce qu’il soit respecté pendant plusieurs semaines ; il est possible de placer les
élèves par ordre alphabétique, ce qui facilite la mémorisation des noms ;
• vérifier que le professeur principal de la classe réalisera un "trombinoscope" et en transmettra photocopie
aux autres enseignants ; lui suggérer l’opération au besoin.

Une connaissance plus précise de chaque élève, ses goûts, ses projets, sera utile par la suite ; la fiche de renseignement que vous ferez remplir vous y aidera. Limitez vous aux informations pertinentes pour cerner l’origine de difficultés éventuelles ou pour aider à l’orientation de l’élève. Ultérieurement, faites un effort pour prendre connaissance des indications demandées, et montrez le aux élèves. Des informations complémentaires vous seront utilement données, en cas de besoin, par le conseiller principal d’éducation et/ou l’infirmière.
Le contenu et la présentation de la fiche que les élèves vont renseigner sont la première image de vos exigences et de celles de votre discipline. Attachez-y le plus grand soin.... ou ne vous étonnez pas si vous êtes pris "à la légère".
Dimension affective :
De nombreux élèves sont turbulents, agités ou agitateurs parce que, depuis de nombreuses années, l’école les dévalorise et les met en échec. Une remotivation passe souvent par un travail sur l’estime de soi et sur le bien être dans l’établissement. Cette réflexion, conduite de manière collégiale, doit avoir des conséquences sur les pratiques pédagogiques. Il ne s’agit pas de surévaluer les élèves, mais de leur montrer qu’ils sont capables de progresser dans un domaine ou un autre.

La dimension affective est souvent présente dans l’acte d’enseignement :

- le professeur aime sa discipline et voudrait la faire aimer par les élèves ;
- certains élèves recherchent parfois auprès d’un professeur ou d’un personnel de l’établissement les
relations affectives qu’ils ne trouvent pas par ailleurs ;
- l’activité d’enseignement étant le plus souvent solitaire, les difficultés ou aléas peuvent être vécus de
manière intime par le professeur qui est conduit à avoir des réactions plus personnelles que
professionnelles, pouvant parfois l’amener à ne "plus supporter" une classe ou un élève ;
- dans bien des cas, la perturbation intime provoquée par l’échec d’une pratique pédagogique conduit le professeur à mettre en place un système de défense visant à faire porter aux élèves toutes les
responsabilités de cet échec et à refuser de modifier les pratiques elles-mêmes.
Une partie de la difficulté de l’enseignement donc consiste à :
- s’intéresser personnellement à l’élève sans assumer des responsabilités incompatibles avec les missions
générales du professeur et avec le nombre d’élèves qu’il prend en charge ; il est néanmoins possible de résoudre une partie des problèmes au travers d’un tutorat organisé par X l’établissement pour certains de ses élèves ;
- montrer à la classe qu’on est personnellement attaché à ses progrès, et heureux de leur réalité ;
- sans s’impliquer de manière trop affective dans les difficultés rencontrées.
Une réponse aux enjeux décrits ci-dessous réside souvent dans un travail en équipe régulier, dans dans un fonctionnement de classe "porte ouverte" (habituel en Polynésie française), et même dans une observation réciproque.

Cela permet :
- de s’inspirer de pratiques efficientes chez un collègue ;
- d’obtenir de l’aide en cas de difficulté ;
- de ne pas se sentir personnellement déstabilisé par des difficultés de gestion de classe.

DISCIPLINE ET AUTORITE
La discipline est l’obéissance ou la soumission à un ensemble de règles écrites ou coutumières.
L’autorité correspond au fait de pouvoir commander, d’être obéi.
Les règles générales que les élèves doivent respecter sont définies par le code de l’éducation... et par le
règlement intérieur de l’établissement :
Code de l’éducation – article L 511-1 :
Les obligations des élèves consistent dans l’accomplissement des tâches inhérentes à leurs études ; elles incluent l’assiduité et le respect des règles de fonctionnement et de la vie collective des établissements.
Code de l’éducation – article R511-11 :
L’obligation d’assiduité mentionnée à l’article L511-1 consiste, pour les élèves, à se soumettre aux horaires d’enseignement définis par l’emploi du temps de l’établissement. Elle s’impose pour les enseignements obligatoires et pour les enseignements facultatifs dès lors que les élèves se sont inscrits à ces derniers.
Les élèves doivent accomplir les travaux écrits et oraux qui leur sont demandés par les enseignants, respecter le contenu des programmes et se soumettre aux modalités de contrôle des connaissances qui leur sont imposées. Code de l’éducation – article R511-1 :
Les modalités d’exercice des libertés d’information, d’expression et de réunion dont disposent les élèves des établissements publics locaux d’enseignement, des établissements d’Etat d’enseignement du second degré relevant du ministre chargé de l’éducation et des établissements d’enseignement du second degré relevant des communes ou des départements, ainsi que les obligations qui leur sont applicables, sont déterminées par le règlement intérieur de l’établissement.
Le règlement intérieur détermine également les modalités de la prise en charge progressive par les élèves de la responsabilité de certaines de leurs activités et les modalités de l’obligation d’assiduité à laquelle ils sont soumis.
Le règlement intérieur définit les règles que l’élève doit respecter dans l’établissement, et précise les punitions et sanctions auxquelles il s’expose en cas d’entorse à ces règles.
Dans le respect du règlement intérieur, chaque professeur définit les règles de comportement et de travail propres à ses séances.
Après avoir étudié attentivement le règlement intérieur, vous devez donc formaliser pour votre propre usage l’ensemble des règles et consignes que vous voulez voir respecter par vos élèves, ainsi que les punitions que vous êtes susceptible d’appliquer. Elles peuvent s’appliquer aux éléments suivants : ponctualité, installation en classe, prise de parole, déplacements en cours de séance, comportement général, respect du matériel, consignes de sécurité, remise en ordre de la salle en fin de séance.......
Parmi ces règles, vous sélectionnerez celles qui vous semblent les plus importantes et vous les communiquerez aux élèves, de manière simple, dès le premier jour ; les autres consignes seront données au fur et à mesure des besoins. Il n’est pas nécessaire de lister longuement, par anticipation, la batterie de punitions - sanctions que vous avez l’intention de mettre en œuvre. Il est utile de savoir que seul le chef d’établissement peut prononcer certaines sanctions comme les exclusions même partielles.
Un des aspects quotidiens de l’éducation civique consiste à montrer que les lois sont faites par et pour des hommes, contraignent et protègent chacun, et que l’appréciation des fautes et des sanctions ne relève pas des individus mais de la collectivité. Faites comprendre aux élèves que les règles que vous définissez sont indispensables au bon fonctionnement de la classe et traduisent un respect mutuel entre les différents acteurs de la communauté scolaire. En particulier, expliquez dès le début de l’année que chaque élève doit respecter son semblable. Anticipez sur les moqueries en indiquant que vous ne les tolèrerez pas et en précisant que vous souhaitez que les élèves fassent des erreurs, sources de progrès.
Avec un peu d’expérience, et notamment quand vous serez professeur principal, vous associerez les élèves à l’identification des règles de vie en classe.
Mais un énoncé des principes ne suffit pas, il faut les mettre en pratique : vous le ferez avec amabilité, fermeté et persévérance (voir ci-après).

AUTORITE – EQUITE
Avoir de l’autorité, c’est faire preuve de clarté, de fermeté et de souplesse, et non d’improvisation, de rigidité et de blocage. L’autorité est souvent liée à un positionnement institutionnel clair dans l’établissement : application stricte du règlement intérieur, cohérence du comportement des différents enseignants et personnels.
La façon dont le groupe classe va se prêter aux activités que vous avez choisies dépendra de plusieurs facteurs :
Le niveau de vos exigences :
− ne proposez pas des tâches insurmontables ; ne vous entêtez pas si vos prévisions ne se réalisent pas (vous reviendrez plus tard sur l’objectif fixé) ;
− différenciez le travail en fonction des capacités ;
− adaptez vos méthodes pédagogiques à la classe ;
− tenez compte de son évolution en cours d’année ; selon le comportement du groupe, accordez plus ou moins de temps au travail individuel ou aux dialogues ;
− variez les activités : l’inactivité intellectuelle et l’ennui qui en découle nuisent au bon climat de la classe et provoquent des conflits ;
− privilégiez les objectifs à court ou moyen terme surtout avec les groupes faibles.
La clarté de vos exigences :
− rédigez complètement votre séance, telle que vous voulez qu’elle se déroule (introduction, questions, réponses attendues, manipulations, productions d’élèves, bilans oraux, conclusions écrites) ;
− prenez toujours le temps d’expliquer ce que vous attendez, en termes de comportement.
Votre aptitude à moduler le déroulement de la séance en fonction des réactions des élèves (les prévisions de
votre préparation se révéleront rarement parfaitement exactes).
Votre autorité. Il n’y a en ce domaine ni règle absolue, ni recette miracle, mais quelques conseils peuvent être proposés :
− maintenez un sentiment d’équité et essayez d’avoir un comportement et des exigences stable : les élèves sont très sensibles au fait que le professeur soit juste et constant dans ses exigences,.
− ne promettez jamais ce que vous ne pourrez tenir : ne menacez les élèves de sanctions qu’à condition de pouvoir les mettre à exécution ; menacer sans cesse et ne jamais punir vous décrédibilise et déprécie rapidement votre autorité ; après des semaines de laxisme, des punitions excessives ont des effets explosifs sur une classe.
− donnez vos ordres de manière posée et avec politesse ("peux-tu changer de place s’il te plaît ?") ;
− évitez de mettre en cause l’élève (en tant que personne), mais plutôt son comportement ;
− installez des rituels : ils vous permettront d’économiser beaucoup d’énergie ;
− préparez vous à justifier brièvement vos ordres ("afin de nous permettre de mieux travailler"), mais
n’entrez pas dans une longue argumentation (préférez un "parce que je suis professeur et que tu es élève",
ou, "parce que ma mission est de vous faire travailler") ;
− faites d’abord preuve d’autorité sur des élèves peu réactifs ; cela montrera que vous êtes capable de vous
faire respecter, mais aussi que vous ne faites pas une fixation sur les fortes têtes ;
− ne cherchez pas d’emblée l’affrontement personnel et public avec un agitateur ; acceptez de ne pas avoir
gain de cause immédiatement et préférez un entretien en fin de séance ;
− une invitation polie, brève, mais ferme, vaut mieux qu’une longue confrontation,
− engagez une phase de cours dicté pour ramener le calme ;
− lorsque l’agitation commence à s’installer, baissez la voix au lieu de l’élever ; ne montez pas dans les aigus
 ; bien souvent un "chhhut" bien placé (mais sans en abuser car les élèves finiraient par les compter !) suffit à vous faire entendre ; cesser de parler constitue aussi un signal pour les bavards dont les apartés ne sont plus couverts ;
− au besoin, élevez la voix mais de manière brève ;
− l’humour ou la légèreté permettent souvent de se sortir de situations difficiles ;
- dépersonnalisez les punitions et sanctions : vous punissez ou vous sanctionnez parce que vous respectez
les règles établies (et non pour vous venger d’un élève qui vous fatigue) ;
− n’acceptez jamais quelque chose qui vous choque ou vous blesse, réagissez immédiatement et
simplement, par exemple en relevant les termes d’une agression verbale par un élève ;
− si un incident se produit et que vous ne pouvez pas le résoudre, faites avertir le chef d’établissement par
un élève, ne quittez pas la classe.
Evitez dans toute la mesure du possible d’exclure les élèves de votre cours. Utilisez une gradation de punitions proportionnées aux fautes commises. N’ayez recours à une sanction qu’après :
− avoir tenté d’analyser cette situation avec le ou les élèves concernés,
− en avoir parlé au professeur principal de la classe, au conseiller principal d’éducation ou au chef
d’ établissement.
Il importe que vous ayez une attitude claire et constante dans l’appréciation des manquements aux règles de vie et dans l’application des punitions et sanctions. L’arbitraire est donc à proscrire. Que ce soit dans ou hors de la classe, il ne vous appartient pas de "couvrir" les infractions au règlement intérieur. Maintenez constamment un sentiment d’équité au cours des évaluations, du dialogue collectif, de l’aide en cours d’activité. Veillez à ne jamais décourager un élève, ni le ridiculiser ou l’humilier.

GERER LES MOUVEMENTS D’ELEVES
Dans la plupart des collèges, le professeur prend en charge sa classe en début de demi-journée et après les récréations. Il gère donc la circulation de ses élèves pour aller en cours.
Pendant l’horaire où vous prenez vos élèves en charge, vous en êtes juridiquement responsables, l’emploi du temps fait foi.
Tous les professeurs sont également responsables de tous les élèves présents dans l’établissement aux inter cours, qu’ils les aient ou non en classe au cours de l’année scolaire.
• Gérer l’entrée des élèves :
L’entrée en classe est un moment stratégique. Les élèves doivent distinguer les deux temps : vie scolaire et temps de classe. La montée se fait en rang, les élèves peuvent discuter. Le professeur se place en fin de rang.
Devant la salle c’est déjà la salle : on fait le silence.
En entrant dire bonjour, saluer personnellement les élèves, prendre des nouvelles de certains, même s’il y a eu des tensions avec lui à la séance précédente.
Par respect pour vous je suis "tête découverte", faites de même.
A l’entrée, élève et professeur sortent leurs affaires et les posent sur la table : carnet de correspondance, cahier de textes...
Les rituels permettent de donner aux élèves des repères qui leur sont indispensables pour se sentir pris en compte, encadrés et sécurisés. Mettre en place des routines de fonctionnement qui sont intériorisées et installer des conditions chaleureuses

Points clés :
- mettre en place des rituels (avec repères géographiques) ;
- établir une progression pour amener les élèves au calme ;
- bien accueillir ses élèves, avec bienveillance pour qu’ils soient dans les meilleures conditions pour aborder
votre cours ; installer un rapport chaleureux.

• Faire l’appel
Noter les élèves absents et les signaler. Ce moment peut être informel, mais on peut aussi lui donner du sens : responsabiliser un élève qui fait l’appel ou utiliser l’observation pour caractériser un début de séance positif ou négatif. [il peut être demandé de réviser la leçon pendant cette période].
• Placer les élèves
Le placement des élèves en classe revêt une grande importance. Il peut être réalisé :
- librement, [en précisant que vous vous réservez la possibilité de le modifier] ;
- par ordre alphabétique ;
- en fonction des caractéristiques individuelles (élèves bavards ou plus calmes par colonne) ;
- le plan de classe peut être élaboré avec l’ensemble de l’équipe pédagogique.
• Gérer la sortie des élèves
Une fin de cours mal organisée est génératrice de malentendus. Anticiper la fin de cours et la préparer cinq minutes avant la sonnerie. Avoir une montre très bien réglée sur la sonnerie de l’établissement pour conforter votre maîtrise de la séance. Exiger que les élèves rangent leurs affaires quand le professeur l’a décidé.
Le professeur donne le signal de la sortie. Il peut même organiser une sortie progressive des élèves (éventuellement par rangées)
La sortie est aussi l’occasion d’entretenir des relations chaleureuses avec les élèves.

Le professeur doit aussi veiller à organiser les mouvements des élèves, en classe, lors des changements d’activités (passage en travail de groupes, utilisation des postes informatiques...).
Le contrôle des absences doit être réalisé de manière scrupuleuse. Votre responsabilité peut être engagée en cas d’accident. Vérifiez que chacun a son matériel et a fait son travail. Passez dans les rangs, cela peut être très utile. Ces étapes ont vocation à être ritualisées pour ne pas mobiliser trop de temps dans la séance.

• Exemples de rituels :
- mise en rang dans la cour et attente que le professeur vienne prendre en charge la classe ;
- mise en rang devant la classe, en silence, casquette ôtée ;
- salutations réciproques en entrant dans la classe ;
- position debout, près du bureau élève, en attendant l’autorisation de s’asseoir ;
- sortie du cartable et placement sur le bureau du cahier de textes, du carnet de correspondance et du cahier
– classeur ;
- chaises sur les tables en fin de dernière séance d’une journée ;
- demander aux élèves de se lever lors de la visite en classe d’un adulte (CPE, inspecteur, personnel de
direction) n’est pas « vieux jeu », c’est la seule façon collective, rapide et silencieuse de saluer.

ANIMER ET REGULER LA SEANCE

Gérer la prise de parole :
- veiller à donner la parole à tous les élèves, y compris ceux qui sont en difficulté ou ne veulent pas
participer ;
- surveillez les élèves qui voudraient intervenir, n’ont pas eu la parole, et qui, si vous ne les prenez pas en
compte, vont se refermer sur eux-mêmes.
Ne les laissez pas les élèves prendre la parole sans les y avoir invités.
Écoutez-les attentivement lorsqu’ils ont la parole, explicitez et corrigez leurs erreurs, ayez le souci d’utiliser les réponses des élèves ou leurs interventions, même erronées ou hors sujet (la participation des élèves, si elle est trop étroitement guidée, peut faire illusion quant à leur activité réelle). Lorsqu’un élève s’exprime, distinguez bien le fond – le contenu du message qu’il veut faire passer – et la forme – qualité de l’expression française ou de l’élocution. Ne vous précipitez jamais sur une petite erreur d’expression : commencez par valoriser le contenu (s’il le mérite), puis amenez à reformuler, éventuellement en sollicitant un autre élève.
Suivez et contrôlez les activités (ex : prise de notes, tenue du classeur ou du cahier) du début à la fin de l’heure. Utilisez des sollicitations claires et variées pour guider les élèves dans le travail que vous leur demandez. Valorisez le travail des élèves (la "pédagogie de la réussite" postule qu’un élève souvent valorisé montre une plus grande motivation qu’un élève auquel on fait sans cesse des reproches !).
Donnez des consignes de travail précises, à la fin de chaque cours. Indiquez clairement ce que vous attendez. N’hésitez pas à les accompagner de conseils pratiques de réalisation. Demandez un travail réalisable (difficulté, quantité). Faites leur remplir leur cahier de textes personnel sous votre contrôle.
Etre crédible face aux élèves
L’attitude générale du professeur a beaucoup d’importance, avant le contenu des cours. Adoptez une tenue et langage corrects. Mettre beaucoup de rigueur dans l’organisation du travail. Veiller au rythme du travail et des devoirs (rendus le lendemain, ils montrent le sérieux et l’application du professeur). Etre exigeant avec ses élèves : ne pas baisser le niveau de langue et les attentes. Les élèves attendent la qualité de l’enseignant et de l’enseignement. Les élèves sont des personnes à part entière, respectables.

Le rapport professeur-élève
Prenez le temps de connaître et reconnaître les élèves. Apprenez le trombinoscope. Dans le fiches de renseignements, posez des questions sur leurs goûts musicaux et hobies, lisez les avec attention et reparlez-en avec les élèves. Ils auront plus envie de travailler et de progresser si l’enseignant s’intéresse à eux. Si un élève a été absent, prenez de ces nouvelles : "tu nous as manqué la semaine dernière..."
Préserver la distance professeur – élève : en classe il n’y a pas d’égalité entre enseignant et élève (contrairement à la rue ou la justice). Elle apparaît dans la tenue, dans la posture...
Faire la part de l’acceptable et de l’inacceptable : "tu entres dans le domaine privé".
Réplique féconde pour remettre un élève à sa place quand il dit "pourquoi je ferais cela ?" : "parce que je suis professeur et que tu es élève".

Construire votre séance
La préparation d’un cours est primordiale pour bien tenir une classe. Instaurer une régularité et des routines de travail : le silence, puis les acquis, puis des activités. Tout ce qui structure un cours est bienvenu : activités standards à des moments précis. Cela aide les élèves à sentir qu’ils sont engagés dans un processus. Démarrer rapidement et enchaîner les séquences sans temps mort évite les moments de flottement et donc de chahut.
Les élèves sont reconnaissants si le professeur ne leur fait pas perdre de temps et leur fait comprendre qu’il sait où il va. Adapter le cours au niveau des élèves pour que ce ne soit pas trop facile ou trop difficile. Adapter la manière de donner les consignes : orales, écrites, démonstration...
Donner du sens aux apprentissages et montrer concrètement ce qu’ils pourront en retirer. Donner des méthodes de travail qui pourront être réinvesties dans d’autres matières. Apprendre son cours n’est pas une activité évidente pour certains élèves : [il faut lui indiquer comment faire et quelles sont les priorités].

Points clefs :

- instaurer une régularité de fonctionnement ;
- adapter le contenu et les consignes aux particularités des élèves ;
- replacer les apprentissages dans la "réalité" des élèves ;
- expliciter les méthodes de travail.

Faire participer les élèves
Impliquer les élèves dans les contenus, mais aussi dans la structure même du cours. Solliciter leur participation.
Le cours est orienté, les bilans sont formulés avec participation des élèves.
Utiliser un document "cheval de Troie", à partir duquel les élèves sont habitués à poser des questions.
Ne pas se laisser déborder par la prise de parole spontanée des élèves. Faire lever la main. Ne pas seulement le demander. Si un élève crie la réponse : lever la main en écran et donner la parole à un autre élève qui donne la même réponse. Valoriser le second et ignorer le premier. Considérer chaque intervention d’élève. Prendre en compte tout appel. Répondre à tous les élèves. Reprendre une question pour tous, et ne pas répondre en se tournant uniquement vers l’élève qui l’a posée. Accepter de ne pas répondre immédiatement à une question intéressante, mais qui ferait dévier de l’objectif. Les élèves apprécient de savoir qu’on va vers quelque part.
Occuper les élèves qui n’ont rien à faire, par exemple pour l’aide d’autres élèves (assistants) ou pour faire des exercices supplémentaires. L’aide réciproque permet de responsabiliser les élèves et de souder la classe.
Créer une ambiance de travail conviviale, y compris en ponctuant le cours d’anecdotes et de clins d’œil [brefs !].

Points clefs :
- préparation du cours en adéquation avec le niveau des élèves ;
- susciter et entretenir l’intérêt des élèves ;
- chacun doit garder sa place.

• Exemples de rituels :
- salutation collective et échanges animés par le professeur ou par un élève ;
- présentation systématique et début de séance par un élève, ou par le professeur, de la corbeille pour qu’on
jette son chewing-gum ;
- temps de respiration silencieuse, en se remémorant la séance précédente, avant de débuter le cours ;
- découpage et collage d’un document distribué, éventuellement avec circulation du professeur pour fournir
la colle à tous les élèves ;
- lecture silencieuses des bilans de la séance précédente pendant que le professeur fait l’appel ;
- organisation standardisée du cahier-classeur (agencement, couleurs conventionnelles), en référence à
l’organisation du tableau ;
- temps de formulation "dans sa tête" d’une réponse complète à une question posée par le professeur, avant
de lever le doigt ;
- temps de formulation finale de "ce qu’on a appris pendant la séance" ;

PREVENIR ET GERER LES PERTURBATIONS

Quel que soit le soin que vous mettrez à préparer votre séance et à anticiper sur les difficultés prévisibles, vous rencontrerez des situations conflictuelles. Souvenez-vous que les vrais problèmes sont rarissimes si un certain nombre de précautions ont été prises. Ils sont souvent résolus facilement par un travail d’équipe. Après avoir appliqué une punition ou une sanction, ne soyez pas rancunier avec un élève qui aura perturbé une séance. La faute ayant été payée, "l’ardoise est effacée". De son côté, l’élève n’aura aucune difficulté à ne pas vous en vouloir (sauf si il est persuadé que vous avez été injuste !).
En collège ne sanctionnez pas à nouveau l’élève dans sa note de vie scolaire, cela constituerait une « double peine ».
Evitez ou écourtez tout affrontement personnel avec un élève. La mobilisation de votre attention sur ce cas particulier déstabilise l’ensemble de la classe. Gardez obligatoirement l’élève avec vous en fin de séance. S’il refuse, faites le convoquer par le chef d’établissement, et soyez présent à l’entretien.
Garder à l’esprit que certains comportements ont leur origine dans des situations personnelles particulières et que l’agressivité éventuelle n’est pas dirigée contre le professeur en tant qu’individu mais en tant que représentant d’une institution. Le professeur principal, le CPE ou l’infirmière pourront vous aider à mieux cerner les difficultés personnelles d’un élève.

En cas de difficulté de quelque ordre que ce soit, en discuter rapidement avec le tuteur, les collègues, le conseiller principal d’éducation, les personnels de direction, sans crainte d’être jugé : chacun a rencontré, à un moment ou à un autre, un problème relationnel avec une classe ou un élève. La réunion de l’équipe éducative (autres professeurs de la classe, CPE, chef d’établissement) avec l’élève et ses parents, est souvent le meilleur moyen de régler un problème de personne et de montrer que vous êtes soutenu(e) par la communauté scolaire.
Pour vous-même et pour les élèves difficiles, identifiez la limite de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas. Si vous réalisez que vous vous êtes laissé emporter face à un élève ou une classe, vous pouvez aussi le leur dire...
Pour se faire respecter, se faire obéir, il faut aussi ordonner à un élève ce qu’il est en mesure d’accepter. Les ordres et les punitions doivent donc être équitables (traitement identique pour des élèves différents ou à des moments différents) et proportionnés au comportement (graduation). Faire perdre la face en classe à un élève, c’est l’humilier ce qui est inacceptable.
Différencier en restant équitable. Les élèves les plus en rupture ne peuvent pas accepter du jour au lendemain d’adopter la totalité des comportements attendu à l’école. Sans en faire des privilégiés, il est possible de dresser avec eux un contrat de progrès, selon des étapes qui leur sont accessibles. Les autres élèves peuvent comprendre que, dans l’intérêt du travail de tous, certains puissent déroger, dans des limites acceptables, aux règles communes. Par exemple, un élève qui n’a jamais son matériel peut disposer d’un stylo, ou d’un manuel, fourni par le professeur...

Boîte à outils :

• "Encadré" : il s’agit d’un cadre dessiné sur le tableau où sont inscrits les noms des élèves les plus
turbulents. Si le comportement de l’élève s’améliore durant le cours, le nom disparaît, sinon l’élève reçoit
une punition.
• Note de vie scolaire (collège) : elle est attribuée selon des critères définis par l’établissement, incluant le
travail, la participation, l’assiduité...
• Répliques fécondes : "je sais que vous avez été bien éduqués", "nous allons y arriver", "c’est difficile,
mais on doit pouvoir progresser", "le bruit nous empêche de travailler correctement"...
• Répliques "cul de sac" : "il y a trop de bruit", "je ne sais pas comment vous avez été éduqués", "j’ai mon
salaire à la fin du mois", "personne ne peut rien contre moi"...

Prévenir les perturbations
Gérer au mieux un conflit ou un bavardage demande beaucoup d’énergie.
Les déplacements (moments de jonction) sont des moments clefs : être attentif, préparer ces moments, aller voir dans la salle si tout est prêt.
L’organisation du tableau [est un facteur de stabilisation de la vie de classe] :
- titres et schémas à gauche
- mots difficiles à droite ou
- fonctionnement en deux colonnes pour que les écrits restent visibles suffisamment longtemps
Anticiper sur les moqueries : on a le droit de se tromper, on ne doit pas rire d’un camarade.
Déplacez-vous lentement dans la salle. La seule présence auprès d’un élève le fait souvent taire.
Toujours garder la majorité de la classe en face de soi.
Il n’est pas toujours nécessaire de parler : fixer un élève, lui faire un signe, le nommer, ou même poser la main sur la table sans rien dire (plus facile si les élèves bavards sont devant) suffisent souvent pour ramener le calme [même si c’est fait avec le sourire !].
Eviter de répéter à plusieurs reprises des réprimandes. Les élèves comprennent les choses sans qu’on les formule complètement. Etablir vos règles et les présenter aux élèves en les expliquant. Elles seront moins contestées si vous les exposez clairement. Les faire écrire aux élèves, en les associant à leur établissement.
Prévoir une échelle de sanctions en tenant compte de ce qui se fait dans l’établissement. Economiser les sanctions. "Encadré de la mort qui tue" : nom de l’élève qui a bavardé écrit au tableau, puis effacé si le calme revient.
Ne pas exclure trop facilement les élèves. Ne pas exclure un élève qui n’a pas son matériel car il ne perturbe pas le cours. Prévoir des sanctions proportionnées.
Utiliser une note de sérieux pouvant augmenter la moyenne de deux points [cet aspect est à discuter].
L’exclusion n’est à envisager que quand on a tout tenté pour empêcher un élève de perturber un cours (dons après l’avoir rappelé à l’ordre, puis déplacé, puis puni...).

Gérer les perturbations
Ne pas perdre le contrôle de soi si un conflit s’amorce. Lorsqu’un élève est insolent, on risque de se laisser aller à augmenter le ton et la situation peut s’envenimer.
Rester calme, verbaliser la gravité du fait et prévenir qu’il y aura sanction, puis repasser au cours en ralentissant le débit. L’élève aura tendance à se mettre en rupture (se coucher sur sa table), mais il cessera de vous agresser.
En cas d’insolence, faire comprendre à un élève que ce qu’il dit aura des conséquences. Noter sur la fiche "discipline" (ou "incident") de l’établissement les propos de l’élève (qui comprend alors que ce qu’il dit peut se retourner contre lui). Etre précis sur les faits (et non sur votre interprétation des faits).
Garder à l’esprit son rôle d’éducateur. Une sanction s’intègre dans un échange. Il faut expliquer le sens de la sanction.
La fois suivante, ne pas être rancunier, surprendre l’élève par un ton différent.
S’appuyer sur l’équipe pédagogique
Etablir des règles en commun avec le tuteur, le CPE et le chef d’établissement. Définir une échelle de sanctions.
La graduation de la sanction n’est pas le fruit d’un professeur isolé. Les professeurs respectent tous l’échelle de sanction (oubli de la tenue en EPS : une "chance", puis une heure de colle).
Si les professeurs n’ont pas un discours cohérent, les élèves sont perturbés ou en jouent.
Les collègues peuvent réconforter, soutenir et conseiller. Ne pas hésiter à se confier en cas de difficultés. Les instants de souffrance peuvent être limités en se confiant auprès des collègues : communication, prise d’informations. [à condition de passer rapidement des plaintes à la recherche de solutions].
Faire appel à l’administration, au CPE. Ce n’est pas une honte. Le métier est difficile. Ne pas s’isoler. Ne pas avoir peur du regard de l’autre. Relativiser ce qui apparaît comme un échec.
Le professeur est seul dans sa classe, mais il n’est pas isolé.

Points clefs :
- prévenir les perturbations ;
- avoir prévu une échelle de sanctions adaptées, en accord avec l’équipe pédagogique ;
- garder votre place de professeur en restant calme et en ayant en tête le rôle éducatif que doit avoir une
sanction ;
- rester en contact avec les parents ;
- confier ses difficultés aux collègues.


ENTRER DANS LE METIER avec une PREMIERE SEANCE

Exigences vis-à-vis des élèves :
Indiquez avec soin le matériel nécessaire pendant les cours et les travaux pratiques : références du manuel choisi par l’équipe disciplinaire, cahier ou classeur, outils de dessin, de découpage et collage des documents...
Respectez la liste de matériel diffusée aux familles en prévision de la rentrée.
Présentez les modalités de travail personnel : leçons à apprendre systématiquement à la maison, exercices à rédiger, comptes rendus de travaux pratiques...
Pensez à contrôler systématiquement le travail personnel de l’élève.
Décrivez les divers aspects de l’évaluation : nombre de devoirs, notes d’exercices, de dessins, de travaux pratiques, importance relative des diverses évaluation pour le calcul de la moyenne...
Pensez ultérieurement à planifier les devoirs surveillés, en coordination avec les autres enseignants de la classe (faire éventuellement établir un calendrier dans le cahier de textes de la classe).
Présentation des contenus :
Présenter les thèmes qui seront étudiés dans l’année en montrant leur liaison avec les implications courantes de tel ou tel aspect que votre enseignement aidera à comprendre.
Faire ressortir la diversité des méthodes utilisées, allant de l’activité intellectuelle (mémorisation, réflexion) à l’activité manuelle (TICE, travaux pratiques...), expression écrite (rédaction, dessin), expression orale...
Montrer (sans rien promettre) que chacun aura la possibilité de montrer son savoir-faire dans tel ou tel domaine, et donc d’être valorisé.
Etre convaincu, et convaincre, de l’intérêt de l’enseignement que l’on dispense....


Voir en ligne : Site ressource sur la tenue de classe


Sources :
DVD Créteil "Tenue de classe"
Site SVT de l’académie de Grenoble
"Au secours, sauvons notre école", Sébastien Clerc
Guide des enseignants contractuels et vacataires – Académie de Nantes

Source web :
https://www.itereva.org/non_tit/Tenue_de_classe.pdf